top of page

Le Parlement européen ne soutient pas la proposition de loi sur l’utilisation durable des pesticides

Les députés européens ont pris une décision ce 22 novembre, celle de mettre fin à un projet de loi sur l’utilisation durable des produits phytopharmaceutiques.Triste jour non seulement pour les abeilles mais pour tous les citoyens européens que nous sommes.


L’utilisation durable des pesticides, tel était le titre de la Directive de 2009. Sa mise en œuvre lacunaire par les États membres avait conduit la Commission européenne à faire une proposition de règlement. La proposition, adoptée le 22 juin 2022, fait partie d'un ensemble de mesures visant à réduire l'empreinte environnementale du système alimentaire de l'UE et à atténuer les pertes économiques que nous subissons déjà en raison du changement climatique, de la dépollution toujours plus coûteuse des ressources naturelles telles que pour l’eau potable et de la perte de biodiversité. Ce projet était dans la droite ligne du Pacte vert, un outil indispensable. Ce projet a été co-construit avec les parties prenantes, y compris les agriculteurs, consultés par la Commission européenne depuis mai 2020.


Des mesures tels des objectifs juridiquement contraignants au niveau de l'UE et des Etats membres pour réduire de 50 % l'utilisation et le risque des pesticides chimiques ainsi que l'utilisation des pesticides les plus dangereux d'ici à 2030. La réelle mise en œuvre de la lutte intégrée (IPM) avec les pesticides chimiques de synthèse en dernier recours et une interdiction des pesticides dans les zones dites “sensibles”. Ce dernier point aura sans doute était trop sensible pour les eurodéputés de la droite et de l'extrême droite car non, l'utilisation des pesticides ne sera pas interdite dans des lieux tels que les parcs ou jardins publics, les terrains de jeux, de loisirs ou de sport, les sentiers publics ainsi que les zones protégées conformément à Natura 2000 et toute zone écologiquement sensible à préserver pour les pollinisateurs menacés. 

Vidé de son essence, le texte n'était plus soutenu par une partie de la Gauche et des Verts car trop amoindri. En effet, à quoi sert d’avoir un nouveau texte de loi si ce dernier n’ ajoute rien à celui qui est en vigueur…


Noa Simon, Directrice scientifique de BeeLife: “Comment peut-on se réjouir d’un tel résultat? Peter Liese, eurodéputé allemand se réjouit de la non interdiction des pesticides dans les zones ornithologiques protégées… Et les agriculteurs défenseurs d’un modèle intensif qui nous conduit dans le mur se réjouissent aussi! Dans quel monde vit-on?  En tant que consommatrice et habitant en zone rurale, je suis très préoccupée par le fait que les agriculteurs s'opposent à l'utilisation durable des pesticides. Que mettez-vous dans notre nourriture et dans notre eau ? À quoi nous exposez-vous, nous les habitants des zones rurales ?”


Quand la droite et certains représentants agricoles célèbrent, ce triste résultat court termiste qui démontre une fois de plus non seulement leur réticence à changer de paradigme malgré les preuves scientifiques accumulées mais aussi de pratiques, pour aller vers un développement plus durable; les pollinisateurs, et plus largement la biodiversité et nos ressources naturelles (air, eau, sol), nos concitoyens européens s’inquiètent… 

Les eurodéputés avaient travaillé dur pour un accord, des compromis avaient été élaborés pour emporter l’adhésion des partis, mais l’intérêt de certains n’était que d’amoindrir et amoindrir encore la portée de texte. 

Non ce texte ne mettait pas en danger la souveraineté alimentaire, non ce texte n’était pas idéaliste, non ce texte n’était pas déconnecté et ne voulait pas retirer 65% des pesticides du marché comme certains ont pu le mentionner... Ce texte se voulait réaliste; réaliste pour diminuer l’usage des pesticides qui nous contaminent, contaminent les sols, les eaux et diminuent les capacités de résilience des pollinisateurs quand ils ne les tuent pas. Réaliste pour effectuer la transition agro-écologique nécessaire; réaliste si nous voulons améliorer notre santé et celle de notre environnement pour les générations actuelles et futures car oui, “Nous empruntons la Terre à nos enfants”.

Triste jour…le Parlement européen n’a pas soutenu le SUR.


Le texte est désormais entre les mains de la Commission et du Conseil.

BeeLife encourage la Commission européenne à remettre sur le métier son ouvrage et au Conseil de prendre ses responsabilités pour proposer aux citoyens européens un nouveau texte à la hauteur des enjeux. 


bottom of page