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Les abeilles et l'approche One Health pour comprendre les risques des médicaments vétérinaires

Dernière mise à jour : 2 avr. 2021


Depuis 2018, l'Union nationale des apiculteurs français (UNAF), la Fédération française des apiculteurs professionnels (FFAP) et BeeLife dénoncent les risques des pesticides utilisés en élevage sur les abeilles [1]. En 2021, une nouvelle publication scientifique associe la gestion du bétail et les abeilles à une approche One Health, reliant directement la santé humaine à la santé animale et environnementale [2]. Plus précisément, l'article révèle comment les abeilles illustrent l'utilisation par l'approche One Health des animaux comme sentinelles pour surveiller les conditions écologiques globales. Les intoxications observées dans les colonies d'abeilles entourant les fermes d'élevage d'ovins et de bovins montrent comment les abeilles nous aident à comprendre les conditions qui affectent la biodiversité, la santé animale et la santé humaine.



Il est bien prouvé que les médicaments vétérinaires utilisés dans les élevages pour lutter contre les vecteurs tels que la fièvre catarrhale ovine ou les tiques affectent la santé des insectes utiles. En étant exposés à ces produits vétérinaires, les abeilles, comme les autres insectes pollinisateurs et d'autres insectes qui recyclent la matière organique, sont négativement affectés. La situation est particulièrement préoccupante puisque ces insectes sont essentiels au maintien d'écosystèmes sains qui soutiennent la gestion du bétail, la biodiversité et la santé humaine. En raison des intoxications qu'ils subissent, ces insectes pollinisateurs peuvent se trouver dans l'incapacité de fournir des services de pollinisation indispensables à notre production alimentaire, mettant ainsi en péril la sécurité alimentaire et notre équilibre alimentaire.



Graphique - une approche One Health, Les abeilles comme sentinelles. Extrait de


L'intoxication des abeilles révèle les divers modes d'exposition et les difficultés à contenir les médicaments vétérinaires et les biocides dans les étables et les fermes. Une fois les animaux traités, les produits restent dans les excréments et l'urine, ce qui contamine le sol et/ou sont transportés par le vent ou l'eau au-delà de l'exploitation. Les biocides utilisés pour traiter le fumier et le lisier posent le même problème.

Ainsi, les produits vétérinaires et les biocides utilisés affectent les espèces non ciblées telles que les pollinisateurs avec peu de contrôle sur les effets collatéraux engendrés après leur utilisation.


Les produits vétérinaires et les biocides se retrouvent dans la nature et ont un impact direct sur la santé des pollinisateurs, influençant ainsi les conditions environnementales générales et la santé de ceux qui en dépendent : humains, faune sauvage, bétail. Le problème appelle à une réglementation qui reconnaisse que ces produits ne sont pas efficacement confinés là où ils sont utilisés. Les produits vétérinaires et les biocides atteignent la nature en ayant non seulement des effets indésirables sur les espèces non ciblées, mais aussi en mettant en péril des services écosystémiques essentiels tels que la pollinisation.


Le devenir environnemental des médicaments vétérinaires et des biocides. Extrait de


En outre, ces mêmes produits chimiques peuvent atteindre l'environnement par différentes voies : en tant que produits vétérinaires, biocides et/ou pesticides régulés par différentes réglementations. Cette polyvalence d'utilisation entraîne un mélange de plusieurs agents qui agissent ensemble et produisent des intoxications aiguës ou chroniques sur les abeilles et les autres insectes. La réglementation devrait tenir compte de ces multiples utilisations, du dangereux cocktail ainsi créé et de l'impact qu'il a sur les espèces non ciblées. Plus important encore, la réglementation devrait reconnaître, par le biais d'une approche "One Health", que les effets néfastes sur les insectes sont une préoccupation majeure pour l'équilibre global entre l'environnement, la biodiversité qu'il soutient, les animaux et les humains.


L'application de l'approche One Health et l'utilisation du rôle central des abeilles comme point de départ de la recherche révèle des lacunes importantes dans la réglementation des produits vétérinaires et des biocides : des mêmes produits chimiques arrivent par différentes sources dans l'environnement, régulés par différents cadres réglementaires. Une approche One Health plus générale nous permettrait de prendre en compte ces risques cumulés. Elle permettrait d'établir de nouvelles lignes directrices générales pour améliorer la réglementation, en tenant tout particulièrement compte des effets indésirables directs de ces produits sur les espèces non ciblées et de leur manque de confinement dans les étables et les fermes.




Sources :


[1] UNAF. 2018. Comment les pesticides utilisés dans les élevages menacent les abeilles. https://www.unaf-apiculture.info/IMG/pdf/rapport_pesticideselevageabeilles_vf_final_112018.pdf


[2] Mahefarisoa, K.L., Simon Delso, N., Zaninottoc. V., Colind M.E. Bonmatin, J.M. 2021. The threat of veterinary medicinal products and biocides on pollinators: A One Health perspective. In One Health (12). https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352771421000276




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