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Publication - Quand la science et la protection de la biodiversité rencontrent des intérêts écon...

Dernière mise à jour : 27 août 2019




En Europe, effectuer une évaluation appropriée des risques liés à l'impact des produits sur la santé humaine et animale est une obligation légale. Il incombe aux autorités publiques aux niveaux européen et national de garantir cette évaluation avant que les produits n'arrivent sur le marché. Cette obligation s'applique également aux pesticides et autres produits phytopharmaceutiques, y compris leur impact sur la santé des abeilles et des pollinisateurs en général. Dans le cas de la mesure des risques possibles pour les abeilles, il est apparu clairement qu'une analyse plus complète était nécessaire. Heureusement, les méthodes d’évaluation des risques ont considérablement évolué au cours de la dernière décennie, notamment avec la publication en 2013 du Guide sur l’évaluation des risques liés aux produits phytopharmaceutiques pour les abeilles (Apis mellifera, Bombus spp. et les abeilles solitaires) [1].


Cependant et comme cela a été dénoncé à plusieurs reprises par BeeLife au cours des six dernières années, ce "document d'orientation sur les abeilles" n'a pas encore été adopté par les États membres, manquant ainsi l'occasion d'améliorer l'évaluation des risques liés à l’utilisation de pesticides susceptibles de nuire aux abeilles et aux autres pollinisateurs. Compte tenu de l'engagement de la Commission européenne dans le cadre de projets tels que l'Initiative européenne sur les pollinisateurs [2], l'adoption de cette Initiative pourrait être un tournant dans l'amélioration de la protection des abeilles. Les 16 et 17 juillet, le Comité permanent des plantes, des animaux et de l’alimentation (ScoPAFF) se réunira et les représentants des États membres pourraient enfin parvenir à un accord pour adopter ce document. A cette occasion, BeeLife publie un document décrivant l’histoire et la situation actuelle de ce « Guideline » de l’EFSA ainsi que les opportunités qui en découlent.


Grâce au travail de l'EFSA, qui a associé des experts en écotoxicologie des abeilles et fait appel à des consultations publiques, les lignes directrices pour l'évaluation des risques publiées en 2013 sont la méthode la plus efficace à ce jour. D’accord au document de BeeLife, ce guideline « nous permettrait d'analyser et d'interpréter la toxicologie et l'exposition; données requises par la législation de l'UE, concernant les risques que les pesticides représentent pour les abeilles et les pollinisateurs ». Cette méthodologie prend en compte des conclusions clés telles que la nécessité de mesurer non seulement l'impact des pesticides sur les abeilles individuelles mais également la colonie globale d'espèces d'abeilles sociales. En outre, sont également prises en compte les multiples façons dont les abeilles peuvent être exposées aux pesticides sur le terrain, y compris la propagation par les particules de poussière et l'eau.


Tenant compte du travail exhaustif présenté dans le document d'orientation, les experts en toxicologie, ainsi que des apiculteurs tels que les membres de BeeLife, ont applaudi les lignes directrices et se sont félicités de la possibilité d'améliorer l'évaluation des risques liés aux pesticides potentiellement nocifs pour les abeilles. Néanmoins, ils ont été témoins pendant six ans de la façon dont ces recommandations méthodologiques ont été rejetées sur la base d’arguments faux ou trompeurs. À la veille d'une nouvelle occasion pour les États membres d'adopter le document de l'EFSA, BeeLife examine certains de ces arguments.


L'un des principaux arguments contre l'adoption du document d'orientation pour les abeilles est que cela rendrait impossible l'enregistrement de tout insecticide et que de nombreux fongicides et herbicides seraient soumis à des normes très strictes. Cet argument est toutefois faux, car les lignes directrices mettent l'accent sur l'évaluation des risques et non sur la gestion des risques. Ce que les lignes directrices de l’Efsa permettent, c’est une meilleure compréhension des pesticide afin d’assurer une utilisation en toute sécurité au sein de l'environnement. Avec cette information, les gestionnaires des risques disposeraient d’une meilleure compréhension du produit, établissant ainsi la possibilité d’avoir des méthodes d'utilisation plus sûres pour les agriculteurs.


Un autre argument courant est que ces lignes directrices ont des valeurs de déclenchement (connues sous le nom de trigger values) irréalistes qui ne permettent pas de distinguer les substances qui nécessitent des tests supplémentaires sur le terrain. Cet argument est également faux. L'erreur réside dans l'hypothèse selon laquelle les valeurs de déclenchement nécessiteraient immédiatement des tests sur le terrain. Avec des tests de laboratoire peu coûteux, les évaluateurs des risques peuvent déjà déterminer le risque que la substance active présente pour les abeilles. Le fait que des tests supplémentaires, tels que des essais en tunnel ou sur le terrain, soient nécessaires, ne signifie pas que le pesticide a "échoué" à l'évaluation des risques et qu'il ne sera pas autorisé.


D'autres arguments contre l'adoption du document d'orientation sur les abeilles sont également passés en revue dans notre dernière publication. En outre, il introduit également un examen historique plus approfondi, tenant compte de l'urgence de mieux comprendre l'impact des pesticides sur les abeilles avant leur mise sur le marché. Cette publication arrive à un moment où le changement est possible et les États membres ont la possibilité de coopérer pour améliorer les conditions de vie des pollinisateurs. L'application de protocoles scientifiques approfondis pour assurer la sécurité des abeilles est nécessaire car après tout, c’est la possibilité ici de répondre de manière adéquate à l’obligation légale de protéger la santé humaine et animale.



[1] European Food Safety Authority, 2013. EFSA Guidance Document on the risk assessment of plant protection products on bees (Apis mellifera, Bombus spp. and solitary bees). EFSA Journal 2013;11(7):3295, 268 pp., doi:10.2903/j.efsa.2013.3295 Available online: www.efsa.europa.eu/efsajournal


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