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L'Histoire des Néonicotinoïdes se Répète

La preuve que les néonicotinoïdes présentent un risque élevé pour les abeilles a déjà eu une influence notable en Europe. Plus tôt cette année, il a même poussé les États membres de l’UE à voter en faveur de la prolongation de l’interdiction des néonicotinoïdes de 2013, en l’étendant à toutes les utilisations en plein air. Cependant, l’histoire ne se développe pas de manière égale dans tous les pays européens. Alors que la France est en tête des accusations contre les risques liés aux néonicotinoïdes, la Roumanie semble en revanche tomber dans les mêmes erreurs du passé. Une telle lacune dans la protection des abeilles et de leur environnement est préoccupante. Aujourd'hui, le Comité permanent des plantes, des animaux, des denrées alimentaires et des aliments pour animaux (SCOPAFF) se réunit pour débattre des produits phytopharmaceutiques. BeeLife et Romapis attirent l'attention sur le problème, dans l'espoir que les décideurs y répondent. Les insecticides néonicotinoïdes ont été introduits sur le marché dans les années 90 et sont rapidement devenus très populaires dans les zones d'agriculture industrielle. Leur impact négatif sur les abeilles a également été rapidement remarqué. À l'époque, les taux de mortalité des abeilles ont grimpé en flèche, marquant le début de la crise des abeilles qui se poursuit et à laquelle plusieurs pays continuent à ignorer. À l'heure actuelle, les actions des membres de l'UE contre les risques de ces produits varient largement. La France a été le premier pays au monde non seulement à précéder l'interdiction des néonicotinoïdes dans l'Union européenne, mais également à aller plus loin. En 2016, l'Assemblé Nationale a approuvé l'interdiction de cinq substances néonicotinoïdes, qui a entrée en vigueur en septembre 2018. Alors que l'interdiction de l'UE comprend trois substances néonicotinoïdes (la clothianidine, l'imidaclopride et le thiaméthoxame), la France a également inclus l'acétamipride et le thiaclopride. Actuellement, l'Assemblé débat même sur l'extension de l'interdiction aux nouvelles générations de néonicotinoïdes. De tels développements ne sont intervenus qu'après une longue bataille menée par les apiculteurs français. Cependant, le cas de la France diffère de celui des autres pays de l'UE. Alors que les apiculteurs français célèbrent, leurs collègues roumains sont principalement frustrés. La Roumanie a non seulement évité de prendre d'autres mesures pour protéger les abeilles contre les insecticides à base de néonicotinoïdes, mais elle a totalement contourné l'application de l'interdiction à l'échelle de l'UE. Il est frappant de constater la grande différence entre deux pays d’un même cadre réglementaire européen. Les apiculteurs roumains observent actuellement les mêmes taux de pertes que leurs homologues français ont remarqué il y a deux décennies. Le secteur est sans aucun doute confronté à un péril important exposé par le manque de volonté des législateurs et des responsables gouvernementaux. Le gouvernement roumain aggrave même le problème en accordant des autorisations d'urgence année après année. En 2018, la Roumanie a accordé des autorisations d'urgence pour la cinquième année consécutive. Les autorités roumaines ont présenté jusqu'à 20 notifications d'autorisations d'urgence entre 2014 et 2016. Elles n'ont toutefois pas suivi les procédures établies en vertu de l'article 53, paragraphe 2, du règlement (CE) n° 1107/2009. Ils ont déposé plusieurs notifications sans recherche d’alternatives, ni de programmes de soutien. L'Office Alimentaire et Vétérinaire (FVO) a même signalé de nombreuses infractions aux règles des dérogations à l'époque, telles que le caractère incomplet des notifications. En 2017, le ministère roumain de l'Agriculture a commencé à financer un programme de recherche, initialement inconnu du public. Toutefois, cet programme diffère de l'objectif visé par l'article 53. Au lieu de rechercher des solutions de remplacement aux substances déjà soumises à des restrictions, le ministère a lancé un programme d'aide à la notification des futures autorisations d'urgence. En d'autres termes, le programme de recherche roumain a pour objectif de confirmer l'efficacité et de prouver que les néonicotinoïdes sont inoffensifs pour les abeilles. Selon le document de travail sur les autorisations d'urgence délivré par SANCO (doc. 10087/2013), la recherche "devrait être axée sur des solutions non chimiques, chimiques, combinées ou autres". Le ministère est tenu de fournir des recherches sur les solutions de remplacement, mais il contredit les autorités de l'UE, car il insiste pour fournir des preuves sur des données déjà confirmées concernant l'efficacité extrême des néonicotinoïdes et leur risque élevé pour les abeilles. Francesco Panella, président de BeeLife, a déclaré: "Aussi à niveau de la lutte phytosanitaire on veut détruire l’Union Européenne? Aujourd’hui, il est scandaleux que deux Pays membres de l’UE présentent des telles réitérées et évidentes illégalités par rapport aux codécisions normatives européennes pour la protection des abeilles et des pollinisateurs. Des nouvelles réglementations en Europe ont été mises en place pour améliorer la protection de nos abeilles, ce qui est un début, mais vous trouvez après des cas comme le roumain. Bien sûr, on peut comprendre que pas tout le monde soit tout d’un coup prêt à suivre l'exemple de la France pour l’élimination totales des insecticides systémiques, mais il est inexcusable qu' on puisse accepter que des Pays membres de la Ue continuent à tuer systématiquement leurs abeilles, leurs pollinisateurs et leur environnement, avec l’escamotage d’"autorisations d'urgence". Les efforts que les apiculteurs français ont déployés pour atteindre leur état actuel sont remarquables. Néanmoins, ils ont eu besoin d'un ensemble d'alliés et d'une volonté de leur gouvernement. En Roumanie, les apiculteurs font face à des défis croissants et semblent être laissés oubliés et à se débrouiller seuls. Leurs revendications ne sont pas du tout radicales; ils appellent simplement à suivre les mesures nécessaires pour protéger leurs abeilles et leur environnement contre les produits dangereux. L'histoire se répète-t-elle et il faudra 20 ans pour apprendre la leçon? Ou, autrement, d’autres pays tireront-ils des leçons des erreurs commises dans le passé et éviteront-ils les dégâts considérables qui ont eu lieu avant de changer la situation?

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